mercredi 30 janvier 2019

La fin du voyage

Jeudi 21 février. Un matin ensoleillé dans la baie du Marin. Café dans le cockpit du bateau de Yonathan et Jess, que nous gardons un mois pendant qu’ils rendent visite à leur famille. Badgi, le chat, avachi sur le dos, ronronne à pleine turbine. J’ai le cœur léger. Lilla sera vendue samedi ; mais j’ai fait mon deuil.

« Elope with me Miss Private and we'll sail around the world
I will be your Ferdinand and you my wayward girl
»

Mon ordinateur me joue des chansons de mon adolescence. Sail around the world n’avait aucune réalité à l’époque. Des jolis mots pour orner les chansons. Jamais je n’aurais deviné que 10 ans plus tard on aurait traversé l’Atlantique.

A 18 ans, quand on me demandait quand je comptais revenir, quand je comptais reprendre mes études, je répondais laconiquement « quand j’aurai trouvé ce que je veux faire ». Sans certitude que ce soit un jour le cas.

Plus les années passaient plus la perspective d’un retour à l’université s’amenuisait, en même temps que se précisait cette réalisation que pouvoir avoir accès aux études est un privilège.

Ca fait plus d’un an que ce projet de reprendre des études dans le domaine de la santé grandit dans ma tête - dans un coin seulement, parce que la vie avec Lilla rendait cette possibilité inenvisageable.

Et puis un jour Lilla nous a montré des signes d’usure. De ces signes d’usure qui veulent dire : immobilisation pendant de nombreuses semaines, voir de nombreux mois, et des milliers d’euros de réparation. J’ai pleuré comme une gamine gâtée devant son rêve brisé. Pas d’Amérique du Nord pour cette année.

On aurait pu passer la saison des cyclones à réparer Lilla et à bosser, mais ç’aurait été ignorer que Lilla est trop petite pour nous, que Jérémy souffre du dos depuis quelques mois. La solution a été vite trouvée. Un acheteur encore plus rapidement. En moins de temps qu’il n’en a fallu pour le dire, on était en train d’organiser le retour à terre, prêt à se prendre un appartement à Fort-de-France.

Désenchantement à nouveau devant la liste d’exigences des propriétaires. Un appartement + une voiture + une reprise d’études sur place, on en avait tout simplement pas les moyens. Pour la moitié du coût, on pouvait s’installer en Métropole. Le calcul a été douloureux, mais vite fait.


Parcoursup, rendez-vous au CIO, lettre de motivation, dossiers à remplir ont remplacé le nettoyage de cales et le graissage de winchs dans notre quotidien. Les billets sont pris pour fin mars, et mes dossiers sont prêts à partir, ornés d’un avis très favorable de la psychologue du CIO.

L’excitation a remplacé la déprime. C’est la première fois que j’envisage le retour en France comme autre chose que simplement une étape pour repartir. On se renseigne sur les différentes villes, on fait des projets, bizarrement on se sent incroyablement libres.

La filière que je veux suivre est incroyablement sélective, on en est conscients. On est prêts à refaire travailler cet esprit d’équipe qui nous a fait avaler plusieurs milliers de miles. Sans cette équipe qu’on forme à deux, je suis tout à fait consciente que mes chances seraient bien moindres.

Et après les études, repartir? La question est posée - mais la réponse n’est pas là pour le moment. Ca fait des mois que j’ai un dilemme moral quant au fait de voyager, que j’ai de plus en plus de mal à me sentir légitime là-dedans. Pour l’instant. Et faire partir d’une communauté et s’y sentir utile est très attrayant - qui sait quel sera notre état d’esprit dans 5 ou 6 ans, qui sait si on arrivera pas à lier les deux.

Notre nouvelle aventure promet d’être bien moins glamour, mais qu’on ne s’y trompe pas : ça ne nous rend pas moins enthousiastes pour autant. 


En train de préparer notre nouvelle aventure sous la supervision de Maître Badgi

Deux semaines avec Manon et Romain

Nouvel an guadeloupéen

vendredi 28 décembre 2018

Convalescence aux Saintes

Ile en vue. Il est 3 heures du matin. Groggy par une navigation marquée par un mal de mer des plus pénibles, je suis à l'avant pour affaler les voiles. D'abord le tourmentin, puis la grand voile.
"Donne de la drisse!"

Jérémy se penche vers le bloqueur. 
"OUIILLLLEEEOUILLEOUILLLEEEOUILLEAAAAAAAH"
"Jérémy?!"

"Je me suis bloqué le dos!"
J'arrange les voiles aussi vite que possible et retourne dans le cockpit où la douleur l'a paralysé sur un des bancs. Je prends la barre, moteur allumé. J'aurais pas du le laisser dormir dans le cockpit ; pourquoi je l'ai cru quand il a dit qu'il préférait y dormir? Je sais pourtant que c'était pour me rassurer car j'aime peu la nuit, en côtier, entre le traffic et les changements de vent permanent.
Après des dizaines de minutes où chaque roulis du bateau le crispe, on arrive à la zone de bouées de Terre-de-Haut. Il fait encore nuit et toutes les bouées sont prises, on va errer une bonne heure avant que dans l'aube, un gros bateau anglais ne défasse ses amarres d'u corps mort que l'on attrape aussi tôt. Tout le monde au dodo!



Depuis le bateau, en attendant de pouvoir aller à terre

La baie de Terre-de-Haut où nous passerons une semaine
Pélicans rois de la baie
Déco mise à jour pour l'occasion


Les jours passent sans que l'on ne puisse aller à terre. J'ai réussi à convaincre Jérémy d'aller nager et on dirait que ça lui fait du bien, mais la descente dans l'annexe est encore impensable. Il dort une grande partie de la journée, moi je tourne un peu en rond, alors je nage (j'ai découvert une épave), je couds et je fais mes cours. Parfois on observe les gros pélicans bruns qui chassent dans la baie. Dur d'imaginer qu'ils sont aussi efficaces en les observant se vautrer dans l'eau en un gros fracas. POurtant ils ressortent toujours avec de la nourriture dans le gosier.

La douleur finit par s'atténuer et on part à la découverte de Terre-de-Haut. La ville est très touristiques, avec des petites baraques colorées sur le front de mer qui abritent une multitude de magasins de souvenirs et de restaurants. En dehors de la ville, les chèvres et les poules se balladent librement et fouillent les poubelles. Les locaux circulent en scooter, les touristes en vélo électrique ou en voiture de golf. Sauf nous - parce qu'on est pas pressés par le temps et qu'on sait bien que de toute façon on ne pourra pas voir toute l'ile en une journée. On se ballade jusqu'à la baie de Pompierre, à l'Est, le Fort Napoléon au Nord, et le Pain de sucre au Sud. 

 
 Bienvenue aux Saintes

 

 


 

Une chèvre freegan qui souhaiterait qu'on passe notre chemin, merci

Petit à petit, Jérémy se remet sur pied, et il décrète qu'on passera Noël aux Saintes, à la baie Marigot très exactement, puisque c'est le seul endroit où mouiller sur Terre-de-Haut où l'on ne doit pas payer une redevance. Nous sommes seuls dans cette grande baie, un vrai bonheur. Mais chaque nuit, la houle et le vent nous rappellent pourquoi : on est réveillés plusieurs fois par nuit par des rafales hurlantes et le bateau qui tangue violemment d'un bord sur l'autre. Bouarf, une fois l'ancre bien enfouie comme elle l'est, on ne risque rien, alors on s'accommode de ce désagrément. 

 
 La Baie Marigot

 Pique-nique de Noël sur le pont

vendredi 7 décembre 2018

La Martinique et les semaines qui passent...




L’eau est plus claire aujourd’hui que tous les jours précédents. J’y descends doucement, en prenant soin de ne pas mouiller mes cheveux ; ce sera autant d’eau de rinçage économisée. Je fais quelques brasses autour du bateau. La vue sur Fort de France est magnifique ; l’église et son clocher squelettique, et en arrière plan, les Pitons du Carbet, deux montagnes qui émergent occasionnellement de leurs nuages.
Ca fait 3 jours que Jérémy est rentré en France. Je prends petit à petit ma routine solitaire. Le premier jour était étrange, mais finalement je m’habitue. Pour la première fois, Lilla me parait presque grande. Il y a une place infinie entre ce grand lit en triangle, les deux banquettes, les bancs du cockpit où je ne vais jamais et la plage avant où j’ai installé un coussin pour boire mon thé et regarder le soleil se coucher.  Les bons jours, l’horizon est dégagé et je peux voir les planches a voiles passer devant le gros disque orangé qui rosit puis disparait. Il y a du monde au mouillage ces derniers temps ; les pavillons jaune volent dans les haubans. Ils indiquent que le bateau doit encore effectuer les formalités auprès des douanes. Ces bateaux sont sûrement les premiers à avoir traversé cette année, et bientôt la Martinique sera bondée.



Coucher de soleil au Marin - nos premiers jours Martiniquais

C’est rigolo de penser qu’on ne devait rester que deux ou trois semaines en Martinique. Ca a commencé par quelques jours dans la baie du Marin pour un avitaillement (bouffe, eau, diesel, gaz...) et un passage dans les nombreux shipchandlers qui sont disponibles. On a failli repartir avec deux vélos pliables du magasin d’occasion, mais fort heureusement ils étaient dégonflés et on s’est ravisés. 




Ensuite, aux Anses d’Arlet, on a été conquis par les fonds sous-marins lors d’une séance de snorkelling, et j’ai eu l’idée de proposer à Jéremy de passer notre niveau 1 de plongée pour son anniversaire. Autant dire que la semaine est passée vite et qu’on en a vraiment profité. La monitrice était tellement bien et pédagogue qu’on a hésité rester plus longtemps et aller jusqu’à un niveau 2. Pour ne rien gaâcher, pendant nos nombreux aller-retours entre le Bourg et Grande-Anse, on a rencontré beaucoup de gens sympas, polis, souriants. « Et si on restait juste en Martinique? » . L’idée a été soumise, comme beaucoup d’autres d’ailleurs.




On a quitté Grande Anse la veille de l’anniversaire de Jérémy et je dois dire, non sans honte, que la baie de Fort de France nous a méchamment refusé l’entrée. Un vrai goulot à vent, cet endroit! Et Lillette qui d’habitude remonte si bien au vent, qui se met à nous faire tapper des bords carrés. Zut, ça fait si longtemps que ça qu’on a pas eu du vent dans le nez? Elle est trop chargée, la Lilla? Les voiles sont mal installées? Incompréhensible, et extrêmement frustrant. Je décide que tant pis, on ira pas à Trois Ilets, dans le fond Sud de la baie, mais à Fort-de-France. 




… On a finalement passé 10 jours à Fort de France, entre une angine de mon côté et … des dents de sagesse qui se sont mises à pousser dans la bouche de Jérémy pour son 27ème anniversaire. Adorable.





Enfin, on a fait escale à la mythique Saint-Pierre. Oui, vous savez, cette ville complètement détruite par une coulée pyroclastique venant de la Montagne Pelée, en 1902. Les restes de l’ancienne Saint-Pierre sont encore présents partout dans la nouvelle, qui a l’air d’une ville bien plus sur le déclin que ses comparses du Sud. Apparemment les gens partent sur Fort-de-France pour y travailler.
A St Pierre, il a été décidé d’un retour sur Fort-de-France pour que Jérémy aille rendre visite à sa famille, et il rentrera dans quelques jours. Pour pourra enfin partir plus au Nord, direction l’archipel des Saintes, en espérant éviter la période où celui-ci est pris d’assaut par ni plus ni moins que nos semblables.

samedi 3 novembre 2018

Piqûre de rappel




On va pas se mentir, on a un problème avec notre feu de mât. Honnêtement, on a un problème avec notre feu de mât depuis qu’on a quitté la Bretagne. D’abord c’était l’ampoule qui était grillée ; celle qu’on a acheté pour la remplacer à Audierne était verte - pas adaptée. Finalement on a trouvé notre bonheur à la Corogne, et cette ampoule-là nous a tenu quelques mois mais au milieu de l’Atlantique, elle a sauté lors d’un empannage. On a décidé que ça devait être du à sa petite taille qui l’empêchait d’être bloquée par le boitier, alors j’en ai acheté une plus grande. Encore un aller-retour en tête de mât et le problème était réglé. Du moins c’est ce qu’on pensait jusqu’à ce que, la deuxième nuit, l’ampoule ne s’allume pas et qu’on se retrouve sans lumière jusqu’à la Barbade. Obligés d’avoir les yeux rivés en permanence sur l’horizon, je râlai. Ben en fait yavait pas que ça…
On est arrivés à la Barbade, et on a remis l’ampoule en place. On avait qu’une nuit à faire et on s’est dit que pour une nuit, sur une navigation calme, il y avait peu de chances que cette maudite ampoule saute de nouveau. Et en effet, elle n’a pas sauté. On a passé tout le coucher du soleil dans le cockpit, le regard passant de l’horizon à la tête de mat (« - ça a l’air allumé là, non? -Jsuis pas sûr du tout, on verra dans 5 minutes. » ) et on a été très heureux de voir un halo apparaitre autour de la girouette.
Un bisou à Jérémy qui prend le premier quart (« tu feras attention, tu as un bateau à l’horizon ») et me voilà dans ma bannette à attendre le sommeil. Et voilà que la VHF grésille dans le bateau. Un voix masculine avec un fort accent espagnol nous dit en anglais « Ici le navire (…) pour le bateau de pêche à la position N 13.29, W 060.08 » Bateau de pêche? Mais c’est notre position, ça! En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, me voilà à la radio. Il nous demande qui on est et où on va. Voilier Lilla Loppan, en route pour la Martinique, cap 325 degrés, sous voiles. Bon. Il s’avère qu’il escorte un autre bateau qui tire un gros câble, et que si on continue sur ce cap, boum. Il faut qu’on tire au 350, pendant 2 heures. Zut, ça retarde notre arrivée, ça. Mais je me retiens de lui dire, et lui répète juste les informations pour confirmation. Après lui avoir appelé Lilla Loppan en alphabet international « LIMA-INDIA-LIMA-LIMA-ALPHA LIMA-OSCAR-PAPA-PAPA-ALPHA-NOVEMBER », on libère le canal après s’être souhaité un bon quart. Premier contact VHF avec un bateau en mer, et en plus il s’est super bien passé, je suis toute contente.
Je rejoins Jérémy et on regarde nos 2 gros bateaux, des points lumineux, défiler sur l’horizon à l’ouest. Clairement c’est grâce à notre lumière de mât que le bateau-support nous a vu et prévenus. « Et grâce à ta maîtrise de l’anglais et du vocabulaire de la VHF », ajoute Jérémy, et je rougis de plaisir. Mais quand même, que ce serait-il passé s’il ne nous avait pas vus, si l’ampoule avait encore fait des siennes? Parfois une veille continue et sérieuse n’est pas suffisante apparemment, parfois on peut quand même risquer de rencontrer un gros cable tiré par un cargo qu’on pensait avoir dépassé par l’arrière. VIndieu, en Martinique on change ce boitier qui refuse de bien faire tenir nos ampoules, quitte à changer la tête de mat entière s’il le faut! Dans la nuit qui est tombée, cette rencontre est un gros seau d’eau froide sur la tête.
Et les copains qui n’allument pas leur VHF en nav? Ceux dont la VHF est en panne perpétuelle? Est-ce qu’ils se rendent compte que leur veille, toute aussi sérieuse qu’elle puisse être, pourrait ne pas être suffisante? Et ceux qui vont se coucher, loin de leur VHF? Ceux qui refusent d’allumer leur feu de nav, tout en confiant le quart à des équipiers non expérimentés? Des milliers de scénarios catastrophe passent dans ma tête ; pourvu qu’ils ne se retrouvent jamais à faire les mêmes rencontres que nous...

jeudi 1 novembre 2018

La Barbade, porte d'entrée des Caraïbes

L'ancre descend lentement dans une eau turquoise et je la vois se poser 3m plus bas sur le sable. L'eau est d'une clarté incroyable ; on croirait qu'on vient de mouiller dans une piscine. C'est tentant : ni une, ni deux, on range vite fait le bateau comme il se doit à la fin de chaque traversée, on enfile nos masques et nos maillots et on plonge. Je n'avais pas vu une telle visibilité depuis la Polynésie ; Jérémy est ravi. On inspecte la coque : on a fait du bon boulot aux Iles du Salut. Très vite, il est temps de remonter et de se préparer pour aller passer aux douanes ; heureusement que la baignade nous a fait oublier notre fatigue.
On gardera l'habitude de nager une à deux heures tous les matins, avant que n'arrive toute une flotille de catamarans de touristes dans la baie. Ils vont assez vite dans le mouillage et on a pas envie de finir en hachis parmentier dans leurs hélices. Nos ballades en masque-tuba nous ammènent à un petit site avec 3 épaves, dont une assez récente qu'on retournera voir assez souvent. C'est le lieu parfait pour s'entraîner à l'apnée. La quille de l'épave doit être posée sur le sable à 10 ou 12m de profondeur, mais ses structures sont accessibles dès 2 à 3 mètres de fond, ce qui nous permet de prendre confiance dans nos capacités à descendre petit à petit. 






Dans la baie, on trouve aussi des corps-morts aux formes variées, dont un moteur et un tête de mort, et parfois on a la chance de croiser une tortue verte qui nage à ras du sable. On l'approche doucement en lui laissant tout de même un peu d'espace pour son confort, et on la regarde brouter les fonds marins. 




Le reste de la journée est passé au café pour tenter de résoudre des problèmes administratifs ou bien dans les rues de Bridgetown. On pense à un moment prendre un bus pour découvrir davantage l'île, mais finalement on se ravise, trop heureux de profiter de l'eau.



Bridgetown est extrêmement touristique, mais je crois que nous sommes arrivés à la saison creuse, en témoigne notre mouillage désert. Du coup, les taxi drivers doivent être en manque de clientèle parce qu'on ne peut pas faire 100m sans se faire aborder par un retentissant "TAXI GUYS?!!" ou par le klaxon "La Cucaracha" d'un minibus. Ca devient un peu usant quand on fait plusieurs fois par jour à pied le kilomètre qui nous sépare du centre-ville. Bizarrement, on a remarqué qu'on est moins hélés quand on se ballade avec notre parapluie comme ombrelle, et rapidement il ne nous quitte plus. 
Les hauteurs de Bridgetown sont couvertes de petites maisons caribéennes colorées dont les cours débordent sur les trottoirs, tandis que lorsqu'on se ballade dans la partie Sud de la ville, on ne voit qu'hôtel après hôtel. En longeant la côte, on passe de plage privée en plage privée où des anglais rouges écrevisse se prélassent dans des transats en plein soleil. Bizarrement, entre chaque plage privée, des étendues plus boisées sont complètement dépeuplées. C'est à n'y rien comprendre : certes le sol n'est pas fait de sable blanc, mais à 12h30, qu'est ce qu'il est bien plus agréable de trainasser à l'ombre des cocotiers... Cela dit, on ne va pas se plaindre d'avoir ces étendues pour nous seuls.


Après 5 jours de repos à la Barbade, il est temps de repartir, direction la Martinique, 120 miles plus loin.

jeudi 25 octobre 2018

Une traversée plaisante - enfin!

On est en train de dépasser un tout petit rafiot de pêche sur tribord. Il est à l’arrêt, probablement en plein éviscération de poissons divers. Je les observe à la jumelle, ils sont un bon moyen de tuer l’ennui car Jérémy dort à point fermé ; je l’ai réveillé trop tôt ce matin pour qu’il m’aide à descendre les voiles quand le vent a décidé de nous laisser tomber, il a besoin de quelques heures de repos de plus. Les matelots vont et viennent à la jupe arrière de leur navire, et lancent bon nombre de déchets à la mer - probablement les viscères sus-nommées. Avec ça, ça fait quelques dizaines de minutes que le moteur commence à m’inquiéter ; il avance peu, est légèrement plus chaud qu’il ne devrait et vibre plus qu’à l’accoutumée.
Mes tentatives de comprendre ce qu’il se passe avec ce maudit moteur (on est en mauvais termes, lui et moi) ont réveillé Jérémy. Ses yeux sont tous petits, le blanc est teinté légèrement de rouge, ce qui a pour effet de rendre ses yeux encore plus bleu, un bleu électrique renforcé par la luminosité. Ajouté à ça sa mine renfrognée, il n’a vraiment pas l’air commode avec ses cheveux dressés par le sel de mer. En plus, il ne comprend pas pourquoi mon attention commence à fuir le moteur.
« Des poissons! Il y en a tout un banc qui nous suivent! Regarde, ils sont gros en plus! »
Il se penche. Me regarde. On a la même idée.
« On pêche? »
Branle-bas-de-combat. On vide les coffres du cockpit à la recherche de notre matériel de pêche. Assez vite, Jérémy met la main sur la canne à pêche télescopique de son grand-père. Sauf qu’on y a même pas installé de leurre, il y a simplement un gros plomb et un gros hameçon, souvenir de nos tentatives de pêcher du poisson-chat dans le Mahury. Bouarf, on a pas l’illusion d’attraper quoi que ce soit de toute façon - plus mauvais pêcheurs que nous, ya pas! Mais les poissons en ont décidé autrement - ils se jettent allègrement sur le plomb en délaissant l’hameçon, puis quand ils ont compris qu’ils n’auraient rien d’autre à tirer du plomb qu’un sévère mal de dents, ils continuent à filer dans le sillage du bateau, juste derrière son saffran.
« Faut trouver un appât, un leurre, quelque chose! »
Jérémy file fouiller dans nos filets et en ressort la tete desséchée d’un banane. Meh, je vois pas pourquoi ça les intéresserait. Mais on est d’humeur à faire des expériences, alors le morceau de peau de banane desséché finit à l’eau. En vingt secondes, les poissons qui nous suivent se le disputent. Soudain, surgit un magnifique poisson bleu et jaune, bien plus rapide que les autres, et plus gros aussi. Je mets quelques secondes à le reconnaître, car ses collègues du pacifique sont bien plus gros : une daurade coryphène! Mais zut, ce sont des poissons battants ceux-là, ils ont tendance à ne pas se laisser faire et à sauter dans tous les sens une fois ferrés. Je préviens Jérémy, il s’accroche, la canne se tend, se tend… Je m’attends à tout instant à la voir céder ou lui échapper des mains, mais finalement il tient bon, et la daurade fatigue.
Il la hisse alors dans le cockpit comme s’il avait fait ça toute sa vie, et la daurade est alors frappée de l’énergie du désespoir. Elle saute partout, s’enroule autour des bouts du régulateur et envoie des projections de sang par terre. Elle me fait un peu de peine, d’autant plus que l’hameçon est passé à travers sa joue, juste sous l’oeil. Tout à coup j’ai un peu honte d’avoir ferré un si joli poisson, dont la taille (70?80 cm?) me fait penser que son espèce est moins commune que dans le Pacifique. J’explique à Jérémy comment abréger ses souffrances, en passant un couteau des branchies jusqu’au cerveau, mais elle continue à remuer et je n’arrive pas à me souvenir si c’est la bonne façon pour une daurade ou si c’est pour un autre poisson. Voyons voir, le thon, il fut le saigner, mais la dorade?.. Zut! Je voudrais tellement que ça finisse vite. Finalement ses couleurs ternissent, signe qu’elle est morte, et on commence à la découper. Je me rends compte avec plaisir que je n’ai rien perdu de mon coup de main pour faire des filets. Jérémy est impressionné. 





En très peu de temps on se retrouve avec notre déjeuner dans nos assiettes, alors même qu’une heure plus tôt on n’arrivait pas à se motiver pour ouvrir une autre boite de conserve. Mmh, quel délice. J’ai même pu préparer un curry de poisson pour le repas du soir. Bon, certes, quelle végétarienne en carton aussi, mais c’est un autre problème.
On reste là, dans le cockpit, le ventre satisfait d’un repas aussi fameux, les jambes dorant au soleil, ravis, à observer les sargasses qui passent… Les sargasses qui passent? Mais bien sûr, voilà pourquoi notre moteur râle depuis une heure, son hélice doit en être fourrée! Jérémy passe le  point mort, puis la marche arrière, et un nuage de sargasse apparait à la poupe. Yikes! C’est reparti, et on file à 4,3 noeuds vers la Barbade, au lieu des 2,8 avec notre hélice ensargassée. Plus que 60 miles, parfait! A ce rythme-là, on arrivera demain matin! Finalement, elle était loin d’être si terrible, cette traversée pour laquelle j’avais tant d’appréhension. Il faut dire que les conditions étaient plus clémentes : pas de houle serrée qui nous jette d’un bord sur l’autre toutes les 5 secondes. Il y a bien eu un gros grin, la première nuit , au cours du quel j’ai été très inquiète de voir la foudre frappée ici et là. Finalement, on a réduit la voilure, serré les fesses et on a juste récolté une très grosse douche d’eau douce mais glacée. Et puis, aujourd’hui, cette pétole qui n’en finit pas, et ces sargasses qui veulent s’en prendre à notre moteur. Mais tout bien considéré, on est loin d’être malheureux. Bien calés dans notre rythme de quarts, qui nous laissent quotidiennement une demi-nuit et une grosse sieste, on a le temps pour lire, discuter, faire des projets pour la suite. Ou même, comme ce fut le cas le 3ème jour, observer un jeune fou de bassan se reposer sur notre balcon avant… Jérémy l’a veillé pendant une grande partie de son quart, mais quand il a voulu aller changer la voile d’avant, notre jeune fou s’est envolé, outré, en claquant du bec et en criant sur cet importun. Jérémy était vexé comme un pou de son ingratitude.
Bientôt l’île apparaîtra devant nos yeux et je me dis que si toutes les traversées devaient être ainsi, alors peut-être qu’il y aurait de quoi me réconcilier durablement avec ma toute petite Lilla, malgré tous les caprices et toutes les crasses qu’elle a su nous faire.


(En mer, on pense aux copains ... :D)

Les îles du Salut




On surplombe une baie où l’eau bleue criarde semble sortir d’un cliché kodachrome des années 70. Autour de nous, des palmiers vert vif tirant au jaune. Au centre de cet écrin, Lilla est bercée doucement par l’alizé, et son arrière pointu plonge et replonge dans les petites vagues qui arrivent à se faufiler dans cette baie abritée.
«  Pourquoi n’ai-je pas pris mon appareil? » Je suis un peu fâchée contre moi-même. Mais bon, on était juste censé aller à terre nous désencombrer de notre poubelle avant notre traversée vers la Barbade. Et puis finalement, l’ombre des palmiers et la douce ambiance de l’île Royale nous ont donné envie d’aller trotter. C’est là qu’on a découvert cette splendide vue sur la baie des cocotiers, où est mouillée Lilla. 




Cette deuxième ballade, pour notre deuxième jour aux Iles du Salut, me réconcilie un peu avec l’endroit. Je m’habitue un peu plus à ce curieux mélange entre un lieu de mémoire et un lieu de villégiature pour les plus aisés des habitants de Guyane, même si la transformation des cellules des bagnards en carbet où poser son hamac pour la nuit (et pour 12e!) me met toujours mal à l’aise. Aucun panneau sur les conditions de vie, sur les prisonniers concernés par la déportation, rien. Il faut dire qu’à une demi-heure de navigation de Kourou, l’endroit est assez paradisiaque et en contraste complet avec les eaux boueuses du continent. Alors le trait est tiré sur le passé moins glorieux de ces trois îles pour laisser place au farniente.




Comme à Saül, on rencontre le gendarme déployé sur l’Ile. Une fusée décolle le lendemain, et il a pour charge de faire évacuer les Îles. Selon ce qu’on avait entendu sur le continent, en cas d’accident, la Fusée pourrait retomber sur l’ancien bagne. Pour avoir vu la puissance de l’objet, j’imagine qu’il ne resterait plus grand chose de l’archipel. Il est le dernier à rester sur l’île Royale, et doit sûrement être partagé entre l’appréhension d’un crash et l’émerveillement d’être aux premières loges pour un spectacle si hors du commun.
Trop occupés par divers travaux sur le bateau, dont le grattage de la coque qui est recouverte de petites berniques, souvenir de Degrad, nous ne visiterons que l’île Royale, la plus touristique. La saint-Joseph est accessible également, bien que plus difficilement par un débarcadère glissant et peu adapté à notre fragile annexe. Elle a l’air plus à l’abandon, plus préservée aussi paradoxalement. Il parait qu’elle abrite un étang dans lequel s’est installé un caïman, et que la jungle a repris ses droits, repoussant entre les pierres et les ruines des différents bâtiments du bagne. Enfin, la plus célèbre, l’île du Diable, n’est ni facilement accessible, ni autorisée à la visite. Son débarcadère est clairement en ruine - nous le verrons depuis la côte Nord depuis la Royale et on dirait qu’une forêt de palmiers a pris possession de l’endroit. Est-ce justement parce que c’est la plus célèbre qu’elle n’est pas accessible? Est-ce pour la préserver? Est-ce pour éviter de devoir faire un mea culpa d’y avoir envoyé un grand nombre de prisonniers politiques? Toutes ces questions nous viennent en l’observant de l’autre côté de la passe. Il faudrait qu’on fasse des recherches là-dessus j’imagine. 





L’image des Antilles se grave de plus en plus dans nos paroles. On aime cette vie à se jeter cinq fois par jour à l’eau depuis son bateau, même si, ici, la faible visibilité et les rumeurs de requins nous empêchent un peu de barboter l’esprit léger. Aux Antilles on verra sur des dizaines de mètres! On a tellement hâte d’y être, la Barbade n’est qu’à 600 miles… même s’il me faut avouer que mon coeur est fébrile à l’idée de reprendre la mer. C’est ridicule, c’est 3 à 4 fois moins que notre traversée de l’Atlantique., pourtant je ne me souviens que trop amèrement de la fatigue que celle-ci avait jetée sur mon moral, et la motivation est dure à trouver. Pourtant il le faut, il faut se remettre en selle ; un bateau est fait pour naviguer et il n’est pas question de le laisser s’abimer plus longtemps en Guyane. C’est parti!

vendredi 12 octobre 2018

"Un ROUGE s'est produit"

"Plus qu'une minute!"
Je viens de me rasseoir à côté de Jérémy après être allée jeter un œil aux écrans géants derrière nous. Très loin, à l'horizon, un tout petit trait blanc, éclairé, sur lequel sont fixés tous les regards. Silence. Toujours du silence. Tiens, elle est longue cette minute. Des chuchotements se font entendre ici et là, puis un léger ronronnement de voix humaines parcoure l'assemblée. Je retourne voir mes écrans. Ils n'affichent plus la fière fusée Ariane et son lanceur, mais la maquette et le musée de l'espace. Le compteur est retourné à 7 minutes, il est bloqué. La seule information qu'on a est qu'"un ROUGE s'est produit" - de quelle nature, on ne sait pas, mais ça a bloqué le décollage de la fusée. 
C'est fâcheux, ça. Impossible de savoir si on assistera ou pas à ce lancement, au final. 
On prend tous notre mal en patience, le stand de sandwich se fait dévaliser en contre-partie. Jérémy et moi piétinons devant l'écran. Autant on avait eu du mal à trouver la motivation pour rouler jusqu'à Kourou, attendre une heure et demie l'arrivée du bus qui nous a emmené au site d'observation, autant maintenant qu'on y est, zut, on a pas du tout envie qu'il soit annulé ce lancement. Je pense avec envie à ceux qui sont dans la salle Jupiter et qui doivent observer les allées et venues des ingénieurs qui s'arrachent les cheveux. Ici, la jungle est tellement calme dans la nuit qui est tombée.





Au bout de 35 minutes, c'est bientôt la fermeture de la fenêtre de tir, il faut bien se rendre à l'évidence ; la fusée ne décollera pas aujourd'hui. Vu qu'on a décidé de profiter d'être à Kourou pour manger des sushis (très typique, n'est-il pas), on va s'installer pour faire la queue et redescendre de ce satané site d'observation parmi les premiers.
Alors qu'on se rend compte qu'on vient de créer un mouvement de foule, une voix retentit dans les haut-parleurs "Reprise du compte à rebours à 19h35". Dans quelques minutes la fusée va décoller. Chacun regagne sa place, on décide d'aller se mettre contre un mur, derrière toutes les rangées, là où l'on ne dérangera personne. 3 minutes au compte à rebours, un mec parmi les rangées assises décide de se lever et de monter sur le banc sur lequel il était assis. 15 secondes plus tard celui derrière lui décide de faire de même. Bientôt toute la foule est debout sur les bancs et depuis notre position on ne voit plus l'horizon mais une forêt de fessiers. Maintenant tout le monde voit aussi bien que lorsque tout le monde était assis, sauf les gueux comme nous qui sont debout contre le mur, derrière eux. Soupir. 




Enfin, entre deux paires de fesses, la fusée s'éclaire. Une lumière assez faible d'ailleurs, mais bientôt on doit plisser les yeux pour continuer à l'observer. La fusée décolle, les écrans retransmettent un bruit assourdissant, et le ciel bleuté et nuageux de la nuit guyanaise devient orange vif. Bientôt le bruit nous atteint, plus rauque que tout ce que j'ai entendu dans ma vie, le genre de bruit qui nous aurait glacé l'échine si l'on n'avait pas su ce à quoi on assistait. La fusée passe au-dessus de nous, de plus en plus petite. En la suivant du regard je me rends compte que le forêt de fesses s'est transformée en une forêt de fusées miniatures, chacune sur l'écran d'un smartphone. La fusée poursuit sa course folle, elle devient un tout petit point parmi les étoiles, tout en continuant de filer vers l'Est. Au bout de quelques minutes, les écrans indiquent qu'elle a traversé l'Atlantique, cet océan dont on est venu à bout en 3 semaines. Il est alors temps de redescendre sur Kourou et d'aller enfin manger le dîner.

mardi 2 octobre 2018

Saül, au coeur de la forêt amazonienne

On était fin août, ça faisait 3 mois et demi qu'on était en Guyane et il fallait bien se rendre à l'évidence : on en avait pas vu grand-chose. Les supermarchés, les bibliothèques, les villes, le trajet du bateau au boulot de Jérémy, les lavomatics, le marché de Matoury. On venait de se faire ramasser en stop par une petite dame qui s'est mis à nous vanter les mérites de Saül. Mais oui, Saül, cette petite bourgade de 80 âmes pile au milieu de la Guyane, accessible uniquement par avion (où, on l'apprendra plus tard, par piste - 10 jours à pied au coeur de la forêt, empruntée principalement par les militaires et les orpailleurs). J'avais lu des trucs là-dessus, mais malgré l'envie de s'y rendre, l'idée de prendre un avion m'avait stoppée dans ma rêverie. Avion = trou dans le budget.
Seulement, ce que je ne savais pas, c'est que les vols pour Saül sont subventionnés, sans quoi la ville ne pourrait pas subsister. Donc, il fallait compter 130e par personne aller-retour au lieu des 600 que cela aurait du coûter. On a hésité un peu, et puis on a acheté nos billets.
A peine rentrés de l'Ilet la Mère, nous voilà donc en train de faire nos sacs pour 3 jours à Saül, apparemment le paradis de la rando en forêt. Seulement, sur le billet, je lis "10kg de bagage maximum" - probablement des bagages cabines uniquement, alors à regret on fait des sacs légers, sans trop de nourriture, et sans notre machette. Une fois arrivés à l'aéroport, il s'avère qu'on a le droit à 10kg en soute + 5 en cabine. Zut, on aurait pu emmener de quoi manger sur place, et bien plus de matériel.
 

Après quelques heures d'attentes à l'aéroport où je cours partout pour voir les avions décoller et attérir, nous voilà dans un petit avion 18 places qui décolle vers le Sud. Les habitations défilent sous nos yeux, d'abord le bourg de Matoury, puis des habitations plus éparses, des pistes de terre, et enfin plus rien. La forêt à perte de vue, interrompue seulement par le sillon d'une rivière qui serpente sous nos pieds. Quelques turbulances, et puis 30 minutes plus tard, une petite tache dans cette étendue verte : le bourg de Saül! On survole une ferme luxuriante et enfin on se pose à quelques mètres des arbres, sur une piste en terre qui cahote. On débarque sous un gros carbet fait de poutres et de tôle : l'aérodrome de Saül. 


 
 Derrière Jérémy, l’aérodrome de Saül
 

Sur le chemin du bourg, on s'émerveille de tout. Déjà, ce que la forêt est fraîche! Ca change du cagnard permanent de Degrad. Ensuite, les bruits viennent de partout, les arbres sont infiniment grands, la piste bien entretenus. 
On partagera notre temps à Saül entre les randonnées, qui sont à la fois un vrai bonheur et également une torture car les taons nous piquent dès que l'on ralenti le pas (Jérémy a du supporter mes bougonnements), et la découverte du bourg, dont on fait rapidement le tour. Fascinée devant l'école, la poste, la bibliothèque et le centre de santé à la taille de ce tout petit îlot humain au coeur de l'Amazonie. On finit notre première randonnée quand l'avion de frêt vient se poser : c'est un défilé de Quads aux remorques chargée de cagettes de canettes de Coca et de bières, de bidons d'hydrocarbures et de plein d'autres choses nécessaires (ou presque) à la survie du village. L'avion vient tous les samedis et est très attendu car Saül n'est pas auto-suffisante. Il semblerait qu'il reparte à vide, en revanche. En ce qui concerne les poubelles, j'ignore si elles sont renvoyées à Cayenne ou si elles sont gérées (brulées, quoi) sur place.

 
 Le bourg vu du belvédère

 Le carbet-poste
 

Cette espèce de fourmi ramasse plein de feuilles et les laissent moisir dans des galeries pour obtenir des champignons

Le dernier jour, on va assister à atterrissage de l'avion quotidien, et on rencontre les gendarmes. Ils sont déployés à Saül pour un mois, et s'occuper principalement de veiller à ce que les touristes ne se perdent pas sur les sentiers de randonnée. Tous les matins ils en patrouillent un, et parfois ils partent en expédition foret, mais à 2 car ils ne sont que 4 sur place. Ils font également acte de présence pour dissuader les orpailleurs illégaux de rentrer dans le bourg - apparemment c'était un problème il y a quelques années de cela. Le matin, avant de partir en randonnée, les touristes (nous, quoi) viennent signer leur registre, indiquant sur quel sentier ils sont partis et quand ils comptent rentrer. Le système a l'air de bien marcher.
En tous cas ces gendarmes-là, qui ont plus l'habitude de casser du manifestant selon leurs propres dires, sont très heureux d'avoir une mission d'accueil et de conseil au lieu d’être dans la répression. 











Les randonnées sont splendides, mais c'est vrai que l'horizon est toujours bouché par la canopée - des arbres à perte de vue, jamais (ou presque) de panoramas, et vite on en vient à regretter de nos avoir plus de connaissances niveau faune et flore pour pouvoir s'extasier devant tel palmier rare ou tel insecte particulièrement coloré.
On repartira avec beaucoup moins de sous en poche (car l'épicerie locale est deux fois plus chers que les magasins de Cayenne, comme on s'y attendait), mais satisfait d'avoir vu ce lieu étonnant et d'avoir réellement pu rencontrer un peu la forêt amazonienne.