Quelle navigation! On est parti de Baiona, la météo annonçait 18 noeuds établis, 20/25 en rafale… On s’est retrouvé dès le premier soir avec 30 noeuds établis. Sous génois seul et, qui plus est, réduit, Lilla trottait à plus de 7 noeuds, ce qui est énorme pour une petite puce de sa taille. Tout se serait bien passé si on n’avait pas eu à subir une houle de 4 mètres qui déferlait dans notre dos et envoyait notre petit bateau au surf. Dans ces départs au surf, la pale du régulateur venait faire sauter la biellette, pièce centrale du système, et après en avoir vu une finir à l’eau, il a bien fallu se résigner à barrer nous-même. Pendant 24h on s’est relayés, moi de jour, Jérémy de nuit, en gros. Ca a été très vexant de mettre la main sur les limites de mon endurance, quand j’ai du donner la main à Jérémy et me suis étalée sur un banc du cockpit, le corps entier douloureux et épuisé. Car ces heures de barres consistaient à se battre contre les vagues qui voulaient drosser Lilla dans un sens ou dans un autre et la remplir d’eau ; arqueboutée sur la barre, les fesses sur l’inconfortable hiloire du cockpit pour réussir à voir devant soi, le corps couvert d’embruns (qui bizarrement arrivent a pénétrer toutes les sous-couches) et donc humide. La déprime s’est installée sournoisement : si notre régulateur continue à faire des siennes, adieu les longues traversées, adieu la traversée de l’Atlantique et peut-être même adieu les Canaries.
Et puis ce génois qu’on s’est mis à ne plus pouvoir contrôler… Et qui claquait, claquait au vent! Ma voile la plus chère, la plus grande, celle qui devait nous conduire plein Ouest dans quelques semaines, toute gonflée d’Alizées!
Une fois enfin affalée (avec l’aide de quelques francophones que mes jurons aurons rameutés) je ne veux même pas la regarder… On la range tant bien que mal, et hop! Tout le monde au dodo, ça ira mieux demain… Ou pas. Il aura fallu toute une matinée à m’abandonner à la déprime, au lit, pour que vers midi je saute enfin sur mes patounes de capitaine meurtrie dans son honneur et que je déclare à un Jérémy qui ne m’avait pas attendue pour embrasser la maxime : « Contre mauvaise fortune, bon cœur! » .
Alors on chausse les chaussures de marche, et on va visiter Péniche, qui semble bien être la ville la plus venteuse qu’on ait jamais vu. Un vent du Nord saisissant s’engouffre partout, malgré nos gros pulls et nos vestes de quart. Horreur, l’hiver nous rattrape!! Mais les couleurs sont belles et on trouve un chouette musée dans la vieille citadelle qui surplombe une mer toujours aussi grosse que le jour de notre arrivée.
On fera quelques chouettes rencontres au ponton et finalement, c'est le cœur plus tranquille et avec un génois plus petit qu'on continuera vers Lisbonne, sous le soleil!
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