Un lundi après-midi, de retour de balade. On aurait du partit depuis maintenant presque 2 semaines. Seulement voilà, il y a tout d’abord eu ce problème d’étai abimé, qui nous a pas mal bloqués, et puis maintenant la compagnie à qui j’ai acheté la recharge de notre téléphone satellite qui a une semaine de retard sur l’activation. Et bien sûr, un coup de vent arrive jeudi, nous voici donc bloqués à la Palma pour un sacré morceau de temps.
Le premier réflexe, c’était de pester, contre l’idiot qu’on a payé rubis sur l’ongle à Saint-Cast et qui n’a pas su installer correctement l’enrouleur, contre cette compagnie de téléphone satellite qui a une conception bien à elle de « 24 à 48 heures de délai » et contre le hasard qui a décidé de nous envoyer des vents de force 7 pour bien nous rappeler que les alizés, techniquement, c’est encore plus au sud… mais à l’instant présent, je suis surtout satisfaite. Cette escale infinie à la Palma n’a pas uniquement servi à nous faire dépenser plein d’argent en marina et autres joyeusetés ; non, on a surtout enfin trouvé une organisation du bateau qui nous plait, un espace à habiter aussi bien au mouillage qu’en navigation. Ca parait tout bête et vraiment pas un exploit, mais ça nous a pris un sacré temps ; faire rentrer plusieurs centaines de kilos de nourritures et d’eau dans ce tout petit bateau en gardant 2 couchettes pour nous, la possibilité d’être à l’intérieur sans se cogner dans n’importe quoi, et garder un bateau équilibré, ça a été du tâtonnement. Sans compter que tout le temps qu’on a eu nous a permis plein de petites améliorations qui simplifient le quotidien ; des tiroirs compartimentés, une étagère à épices, une sangle pour cuisiner en mer, un lieu fixe pour la poubelle, des filets dans les placards pour ne pas se recevoir leur contenu sur les pieds quand ça roule et qu’on avait juste besoin d’un peu de sucre, un hamac à fruits, une housse pour l’annexe, des espèces de moumoutes dans les haubans pour éviter que les voiles ne frottent et s’abiment, des filets pour les filières pour limiter les chances de glisser par dessus-bord… Toutes ces petites choses qu’on se dit « il faut faire » et qu’on repousse sans cesse parce qu’il faut se dépêcher d’aller ici ou là, se dépêcher d’en profiter.
Cette escale qui s’éternise bien malgré nous empiète sur notre temps au Cap Vert, mais elle nous a permis de nous sentir plus prêts que jamais à faire l’Atlantique, et l’appréhension s’est transformée en enthousiasme ; pour la première fois je me suis entendue dire « J’ai hâte d’être au milieu de l’Atlantique » à la place de « J’ai hâte d’être arrivée ici ou là ». Alors, c’est vrai que c’est dommage d’être aux Canaries et de visiter principalement tous les recoins de son propre bateau qu’on aurait tout aussi bien pu admirer dans telle ou telle baie française - mais c’est comme ça. On est pas partis pour une aventure qu’il faut se presser d’accomplir pour revenir avec le maximum d’images dans la tête, on est partis pour un mode de vie qu’on (re)découvre à notre rythme.
lundi 26 mars 2018
mercredi 14 mars 2018
De vrais petits touristes
Une fois la tempête passée et l’étanchéité des hublots refaite (ainsi que beaucoup d’autres bricoles qui mériteraient leur propre article), on a décidé qu’il était grand temps de se permettre un petit plaisir et on a loué une voiture pour visiter un peu cette ile, qui, à ce qu’il paraît, serait la plus pentue du monde.
Un bon matin, réveil à 6h30, bus pour l’aéroport, et on récupère une petite C1 blanche qui sera notre destrier pour ces aventures toutes terrestres. A nous les routes sinueuses - on prend directement celle qui mène au sommet de l’île. Ca tortille dans tous les sens, et après une demi-heure de route qui s’apparente de plus en plus à de la navigation avec houle traversante pour moi (comprendre : mal au coeur), on commence à se dire qu’on est un peu partis comme des gros touristes (qu’on est) et qu’on a pas pensé à vérifier l’état des routes sur Internet après cette grosse tempête qui a inévitablement provoqué pas mal de glissement de terrain. Mais on a de la chance (pour cette fois) et la voie est libre ; on aura moins de chance le lendemain et on devra faire demi-tour quand devant nous la route se transformera en une grosse pelleteuse rouge déblayant des gravats. Très vite on se retrouve à 2000 mètres d’altitude, et ce jour-là, la visibilité est incroyable, on voit les îles alentours : Tenerife, la Gomera et el Hierro… et même une autre ile plus loin! Sa position semble indiquer que ce soit Lanzarote mais cela semble dingue… elle est à plus de 100 miles… Gran Canaria, quand à elle, devrait être cachée par Tenerife? Un mystère.
Le sommet de l’île est un gigantesque observatoire astronomique, il y a des dômes de toutes les tailles un peu partout, et en ce qui concerne la randonnée, elle est offerte à tous grâce à un grand parking et à un chemin pavé qui mène au point culminant (ce qui ne manquera pas de faire râler les puristes … mais de donner le sourire aux gens en fauteuils). Plus un point de vue ou une ballade qu’une réelle randonnée, mais cela n’empêche pas de nombreux promeneurs de descendre de leur voiture de location munis de bottes d’alpinisme et de balises personnelles. Un défilé de matériel dernier cri, une vraie pub pour the North Face ; et Jérémy avec ses tongs fait gentiment sourire les passants.
En redescendant vers Tazacorte, on sort de la route principale et on découvre plein de jolis petits villages dans des vallées toutes vertes. Puis ce sera Tazacorte et son port beaucoup plus animé que celui où nous sommes, et puis la côte Sud et ses volcans dans la brume, et la côte Nord-Est avec ses bananeraies à perte de vue. On rentre à bon port exténués mais ravis.
Un bon matin, réveil à 6h30, bus pour l’aéroport, et on récupère une petite C1 blanche qui sera notre destrier pour ces aventures toutes terrestres. A nous les routes sinueuses - on prend directement celle qui mène au sommet de l’île. Ca tortille dans tous les sens, et après une demi-heure de route qui s’apparente de plus en plus à de la navigation avec houle traversante pour moi (comprendre : mal au coeur), on commence à se dire qu’on est un peu partis comme des gros touristes (qu’on est) et qu’on a pas pensé à vérifier l’état des routes sur Internet après cette grosse tempête qui a inévitablement provoqué pas mal de glissement de terrain. Mais on a de la chance (pour cette fois) et la voie est libre ; on aura moins de chance le lendemain et on devra faire demi-tour quand devant nous la route se transformera en une grosse pelleteuse rouge déblayant des gravats. Très vite on se retrouve à 2000 mètres d’altitude, et ce jour-là, la visibilité est incroyable, on voit les îles alentours : Tenerife, la Gomera et el Hierro… et même une autre ile plus loin! Sa position semble indiquer que ce soit Lanzarote mais cela semble dingue… elle est à plus de 100 miles… Gran Canaria, quand à elle, devrait être cachée par Tenerife? Un mystère.
Le sommet de l’île est un gigantesque observatoire astronomique, il y a des dômes de toutes les tailles un peu partout, et en ce qui concerne la randonnée, elle est offerte à tous grâce à un grand parking et à un chemin pavé qui mène au point culminant (ce qui ne manquera pas de faire râler les puristes … mais de donner le sourire aux gens en fauteuils). Plus un point de vue ou une ballade qu’une réelle randonnée, mais cela n’empêche pas de nombreux promeneurs de descendre de leur voiture de location munis de bottes d’alpinisme et de balises personnelles. Un défilé de matériel dernier cri, une vraie pub pour the North Face ; et Jérémy avec ses tongs fait gentiment sourire les passants.
En redescendant vers Tazacorte, on sort de la route principale et on découvre plein de jolis petits villages dans des vallées toutes vertes. Puis ce sera Tazacorte et son port beaucoup plus animé que celui où nous sommes, et puis la côte Sud et ses volcans dans la brume, et la côte Nord-Est avec ses bananeraies à perte de vue. On rentre à bon port exténués mais ravis.
Coup de vent sur la Palma
Le plan semblait parfait : on a quitté Lanzarote pour La Palma le lundi 19 février avec une fenêtre météo de 3 jours - juste assez de temps pour arriver à la Palma et se préparer à encaisser le premier coup de vent prévu pour le vendredi, annonciateur d’un gros système dépressionnaire qui allait nous passer sur la tête la semaine suivante.
Coup de vent d’Ouest, alors en toute logique on a choisi le port de Santa Cruz, sur la côte est. Tous les guides mentionnaient un certain ressac dans le port mais sa brochure récente, récupérée à Lanzarote, indiquait la présence d’une écluse censée casser la houle. C’est après quelques jours qu’on s’est rendus compte que certes, l’écluse était bien là, mais que la marina n’en avait pas encore le contrôle et que par conséquent elle était toujours fermée. Mais, à vrai dire, la houle n’a pas vraiment été le problème - du moins pas le problème principal. Bizarrement, et probablement à cause du relief de l’île, la marina se trouve dans un couloir de vent continu, et il y souffle toujours deux fois plus que sur le front de mer. Alors quand le vent s’est levé, accompagné d’une pluie drue et horizontale, le bateau s’est mis à se balancer dans tous les sens - pour être exacte, il gîtait au ponton. En fait, je n’avais jamais senti autant de vent de toute ma vie. Et il était comme fou - un coup de l’ouest, un coup du sud, un coup du sud-ouest… Heureusement on a pensé à saucissonner nos voiles et à doubler nos amarres, et les seuls dommages causés au bateau ont été une amarre cassée et notre drapeau espagnol de courtoisie envolé dans les nues. Mais notre moral en a pris un coup - quelques heures après le début de la pluie, deux des hublots que nous avions réparé durant notre séjour au Guadiana se sont mis à fuir par la visserie. Un vrai goutte-à-goutte qui nous a obligé à installer des écuelles sur les banquettes pour tenter de limiter la catastrophe. 48 heures dans l’humidité et le plic-ploc incessant, avec le vent qui hurle et qui fait rentrer la pluie par les interstices de la descente, avec ces stupides coups de gîte au ponton qui finissent toujours par faire tomber quelque chose… On a eu des heures plus glorieuses. Cela dit, quel spectacle! Un peu plus ou un peu moins d’eau dans le bateau, quelle différence, alors on est sortis plusieurs fois observer la ville vide, ses commerces fermés, ses palmiers qui s’agitaient dans tous les sens, et puis, de loin, la houle qui s’écrasait sur la jetée. Heureux d’être au port quand la mer prend ces allures-là.
Coup de vent d’Ouest, alors en toute logique on a choisi le port de Santa Cruz, sur la côte est. Tous les guides mentionnaient un certain ressac dans le port mais sa brochure récente, récupérée à Lanzarote, indiquait la présence d’une écluse censée casser la houle. C’est après quelques jours qu’on s’est rendus compte que certes, l’écluse était bien là, mais que la marina n’en avait pas encore le contrôle et que par conséquent elle était toujours fermée. Mais, à vrai dire, la houle n’a pas vraiment été le problème - du moins pas le problème principal. Bizarrement, et probablement à cause du relief de l’île, la marina se trouve dans un couloir de vent continu, et il y souffle toujours deux fois plus que sur le front de mer. Alors quand le vent s’est levé, accompagné d’une pluie drue et horizontale, le bateau s’est mis à se balancer dans tous les sens - pour être exacte, il gîtait au ponton. En fait, je n’avais jamais senti autant de vent de toute ma vie. Et il était comme fou - un coup de l’ouest, un coup du sud, un coup du sud-ouest… Heureusement on a pensé à saucissonner nos voiles et à doubler nos amarres, et les seuls dommages causés au bateau ont été une amarre cassée et notre drapeau espagnol de courtoisie envolé dans les nues. Mais notre moral en a pris un coup - quelques heures après le début de la pluie, deux des hublots que nous avions réparé durant notre séjour au Guadiana se sont mis à fuir par la visserie. Un vrai goutte-à-goutte qui nous a obligé à installer des écuelles sur les banquettes pour tenter de limiter la catastrophe. 48 heures dans l’humidité et le plic-ploc incessant, avec le vent qui hurle et qui fait rentrer la pluie par les interstices de la descente, avec ces stupides coups de gîte au ponton qui finissent toujours par faire tomber quelque chose… On a eu des heures plus glorieuses. Cela dit, quel spectacle! Un peu plus ou un peu moins d’eau dans le bateau, quelle différence, alors on est sortis plusieurs fois observer la ville vide, ses commerces fermés, ses palmiers qui s’agitaient dans tous les sens, et puis, de loin, la houle qui s’écrasait sur la jetée. Heureux d’être au port quand la mer prend ces allures-là.
Les premières heures :
Deuxième jour, nettement moins rigolo :
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