lundi 26 mars 2018

La valse infinie des fenêtres météo

Un lundi après-midi, de retour de balade. On aurait du partit depuis maintenant presque 2 semaines. Seulement voilà, il y a tout d’abord eu ce problème d’étai abimé, qui nous a pas mal bloqués, et puis maintenant la compagnie à qui j’ai acheté la recharge de notre téléphone satellite qui a une semaine de retard sur l’activation. Et bien sûr, un coup de vent arrive jeudi, nous voici donc bloqués à la Palma pour un sacré morceau de temps.
Le premier réflexe, c’était de pester, contre l’idiot qu’on a payé rubis sur l’ongle à Saint-Cast et qui n’a pas su installer correctement l’enrouleur, contre cette compagnie de téléphone satellite qui a une conception bien à elle de « 24 à 48 heures de délai » et contre le hasard qui a décidé de nous envoyer des vents de force 7 pour bien nous rappeler que les alizés, techniquement, c’est encore plus au sud… mais à l’instant présent, je suis surtout satisfaite. Cette escale infinie à la Palma n’a pas uniquement servi à nous faire dépenser plein d’argent en marina et autres joyeusetés ; non, on a surtout enfin trouvé une organisation du bateau qui nous plait, un espace à habiter aussi bien au mouillage qu’en navigation. Ca parait tout bête et vraiment pas un exploit, mais ça nous a pris un sacré temps ; faire rentrer plusieurs centaines de kilos de nourritures et d’eau dans ce tout petit bateau en gardant 2 couchettes pour nous, la possibilité d’être à l’intérieur sans se cogner dans n’importe quoi, et garder un bateau équilibré, ça a été du tâtonnement. Sans compter que tout le temps qu’on a eu nous a permis plein de petites améliorations qui simplifient le quotidien ; des tiroirs compartimentés, une étagère à épices, une sangle pour cuisiner en mer, un lieu fixe pour la poubelle, des filets dans les placards pour ne pas se recevoir leur contenu sur les pieds quand ça roule et qu’on avait juste besoin d’un peu de sucre, un hamac à fruits, une housse pour l’annexe, des espèces de moumoutes dans les haubans pour éviter que les voiles ne frottent et s’abiment, des filets pour les filières pour limiter les chances de glisser par dessus-bord… Toutes ces petites choses qu’on se dit « il faut faire » et qu’on repousse sans cesse parce qu’il faut se dépêcher d’aller ici ou là, se dépêcher d’en profiter.
Cette escale qui s’éternise bien malgré nous empiète sur notre temps au Cap Vert, mais elle nous a permis de nous sentir plus prêts que jamais à faire l’Atlantique, et l’appréhension s’est transformée en enthousiasme ; pour la première fois je me suis entendue dire « J’ai hâte d’être au milieu de l’Atlantique » à la place de « J’ai hâte d’être arrivée ici ou là ». Alors, c’est vrai que c’est dommage d’être aux Canaries et de visiter principalement tous les recoins de son propre bateau qu’on aurait tout aussi bien pu admirer dans telle ou telle baie française - mais c’est comme ça. On est pas partis pour une aventure qu’il faut se presser d’accomplir pour revenir avec le maximum d’images dans la tête, on est partis pour un mode de vie qu’on (re)découvre à notre rythme.

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