Notre copain, renommé "Boop-Boop" par mes soins. A chaque voiture qui passait, Jeremy avait peur qu'il se fasse renverser, que je le fasse soigner et que je l'adopte. Il a été soulagé quand il a fini par arrêter de nous suivre, après plusieurs heures.
samedi 21 avril 2018
jeudi 12 avril 2018
Une coupe cap-verdienne, s’il vous plait!
Ca fait déjà 10 minutes qu’on tourne dans les rues de Mindelo ; Jérémy s’est mis en tête de se débarrasser d’une partie de sa tignasse qui le gène depuis maintenant quelques semaines, mais impossible de retrouver les petites échoppes de coiffeur/barbier repérées la veille. Finalement, c’est dans la dernière rue avant de rentrer au mouillage qu’on la trouve : une petite échoppe qu’on ne devine être le repère d’un coiffeur qu’en mettant un coup d’oeil rapide dans l’entrebâillement d’une lourde porte en bois. Jérémy, expert pour se faire comprendre avec quelques gestes rapides des mains, se fait confirmer la possibilité d’une coupe de cheveux, tout de suite, et obtient le tarifs : 300 escudos, un tout petit peu moins de 3 euros.
Cela dit, ce n’est pas chose aisé de décrire la coiffure qu’on veut sans un mot de vocabulaire, et nous nous rabattons sur les posters de footballers accrochés au mur pour lui indiquer quel style, en gros, donner. Bon, les posters datent des années 80-90, donc il nous faudra une minute ou deux a chercher une coupe convenable parmi pas mal de mulets, mais finalement, le message passe et Jérémy s’installe.
Pendant que le coiffeur passe la chevelure de Jérémy au peigne, lui donnant un air de danseur d’opérette des plus amusants, je contemple la boutique. Quatre gros fauteuils de barbier, style art-déco, travail de ferronnerie admirable, font face a une petite desserte mal égale, faite de vieux agglomérés sur lesquels ont été collés des imprimés bois en plastique. Quatre énormes vieux miroirs reflètent tant bien que mal les murs verts et jaunes, à travers leurs tâches brunes et un certain déformement causé par l’âge. Chaque siège se voit attribué un tiroir en face de lui, qui attire ma curiosité, car jamais le coiffeur n’en tirera le gros bouton rond et rouillé pour y attraper une paire de ciseaux ou une tondeuse. Ici et là, traînent des piles de magazines féminins et des bombes de mousse à raser. Jérémy, lui, trône sur une pile de divers magazines, judicieusement installés là pour parer à l’état de délabrement de la sellerie des antiquités que sont les sièges. Mon regard passe paresseusement de sa chevelure aux trous dans le crépit, et aux nombreux posters, équipes de football ou images humoristiques d’internet dont la signification m'échappe. L’ensemble, avec son odeur sucrée de produits pour la peau et les cheveux, dégage une atmosphère vraiment désuette et unique, entre un film de Wes Anderson, d’Almodovar, et la réalité du labeur d’un homme qui coupe des cheveux pour 300 escudos (peut-être moins pour les locaux, ce qui me paraitrait normal).
Très vite, le coiffeur se tend un peu, et Jérémy aussi légèrement. Moi je represse un rire qui aurait été mal venu : clairement, les touffes de cheveux fins et indomptés ne courent pas les rues ici, encore moins celles qui réclament d’être désépaissies sans passer par la tondeuse, et notre coiffeur s’entête à vouloir faire une frange droite à la moitié du front de mon matelot. Finalement, Jérémy lui demande gentiment de passer à la tondeuse : tant pis, on fera plus court, mais au moins l‘arrière de la tête sera bien fait, et pour le devant je ferai les finitions une fois rentrés à bord. L’artiste capillaire s’exécute, soulagé de pouvoir reprendre une esquisse dont même lui n’avait l’air qu’à moitié satisfait.
On repartira, Jérémy avec la coupe d’Elvis sans la gomina et moi fière d’avoir réprimé ce fou-rire qui aurait été insultant pour le travailleur qu’on avait en face de nous. Trois coups de ciseaux, un peu d’eau de mer dans les cheveux et la catastrophe est évitée ; pour trois euros, Jérémy a eu une nouvelle coupe, on a visité un salon de coiffure des plus coquets, et en prime j’ai une anecdote pour le blog - que du positif, au final.
Cela dit, ce n’est pas chose aisé de décrire la coiffure qu’on veut sans un mot de vocabulaire, et nous nous rabattons sur les posters de footballers accrochés au mur pour lui indiquer quel style, en gros, donner. Bon, les posters datent des années 80-90, donc il nous faudra une minute ou deux a chercher une coupe convenable parmi pas mal de mulets, mais finalement, le message passe et Jérémy s’installe.
Pendant que le coiffeur passe la chevelure de Jérémy au peigne, lui donnant un air de danseur d’opérette des plus amusants, je contemple la boutique. Quatre gros fauteuils de barbier, style art-déco, travail de ferronnerie admirable, font face a une petite desserte mal égale, faite de vieux agglomérés sur lesquels ont été collés des imprimés bois en plastique. Quatre énormes vieux miroirs reflètent tant bien que mal les murs verts et jaunes, à travers leurs tâches brunes et un certain déformement causé par l’âge. Chaque siège se voit attribué un tiroir en face de lui, qui attire ma curiosité, car jamais le coiffeur n’en tirera le gros bouton rond et rouillé pour y attraper une paire de ciseaux ou une tondeuse. Ici et là, traînent des piles de magazines féminins et des bombes de mousse à raser. Jérémy, lui, trône sur une pile de divers magazines, judicieusement installés là pour parer à l’état de délabrement de la sellerie des antiquités que sont les sièges. Mon regard passe paresseusement de sa chevelure aux trous dans le crépit, et aux nombreux posters, équipes de football ou images humoristiques d’internet dont la signification m'échappe. L’ensemble, avec son odeur sucrée de produits pour la peau et les cheveux, dégage une atmosphère vraiment désuette et unique, entre un film de Wes Anderson, d’Almodovar, et la réalité du labeur d’un homme qui coupe des cheveux pour 300 escudos (peut-être moins pour les locaux, ce qui me paraitrait normal).
Très vite, le coiffeur se tend un peu, et Jérémy aussi légèrement. Moi je represse un rire qui aurait été mal venu : clairement, les touffes de cheveux fins et indomptés ne courent pas les rues ici, encore moins celles qui réclament d’être désépaissies sans passer par la tondeuse, et notre coiffeur s’entête à vouloir faire une frange droite à la moitié du front de mon matelot. Finalement, Jérémy lui demande gentiment de passer à la tondeuse : tant pis, on fera plus court, mais au moins l‘arrière de la tête sera bien fait, et pour le devant je ferai les finitions une fois rentrés à bord. L’artiste capillaire s’exécute, soulagé de pouvoir reprendre une esquisse dont même lui n’avait l’air qu’à moitié satisfait.
On repartira, Jérémy avec la coupe d’Elvis sans la gomina et moi fière d’avoir réprimé ce fou-rire qui aurait été insultant pour le travailleur qu’on avait en face de nous. Trois coups de ciseaux, un peu d’eau de mer dans les cheveux et la catastrophe est évitée ; pour trois euros, Jérémy a eu une nouvelle coupe, on a visité un salon de coiffure des plus coquets, et en prime j’ai une anecdote pour le blog - que du positif, au final.
Heureux avant
Dubitatif après
9 jours à attendre
Santa Cruz de la Palma, Canaries, à Mindelo, Cap-Vert.
Distance : plus de 800 miles
Cap à faire : 210 degrés.
Cap fait : 195 ou 245 selon le bord.
Durée : 8 jours et 15h.
Force du vent : 3 le premier jour, 4 le deuxième, 5/6 tous les jours suivants.
Hauteur de la houle : 2 à 4 m selon les jours.
Période de la houle : 6 à 7 secondes - trop courte.
Voilure : Gv 2 ris + trinquette les 3 premiers jours, GV seule les jours suivants, tourmentin seul à l’arrivée.
Bateau croisés : 1.
Cachets anti-mal de mer avalés : Quasiment 2 tablettes.
Livres terminés : 2.
Litres d’eau consommés : 70.
Litres de gasoil consommés : 3.
Vomis : 1.
Calamar jetés sur le pont par les vagues : 4.
Oeufs explosé par terre : 1.
Omelette renversée par terre : 1/3.
Omelette renversée sur la tête de Margot qui nettoyait celle par terre : 1/3.
Nombre d’omelettes qui seront faites en nav’ à l’avenir : 0.
Cable de transmission pété :1.
Jurons lâchés quand le moteur a refusé de s’embrayer à l’arrivée : 347’239’487
Idée ingénieuse pour faire une réparation provisoire : 1.
Manoeuvre de mouillage réussie : 1.
Motivation pour faire l’Atlantique pendant cette traversée : 3/10
Motivation pour faire l’Atlantique à l’arrivée : 9/10
La moitié de l'age de mon bateau
25 ans, déjà! Dans les préparatifs de notre départ, Jérémy a eu le temps de m’emmener faire plein de trucs chouettes pour mon quart de siècle - et peut-être un peu aussi pour les 50 ans de Lilla, sortie du chantier Arlaplast de Luleå, seulement quelques degrés en dessous du cercle polaire arctique, en l’an de grâce 1968.
Le 30 au soir, on part tout guillerets dans un chouette petit resto de Santa Cruz ; on sait que le lendemain, outre mes 25 ans, marquera notre dernier jour à la Palma après plus d’un mois à trimer sur le bateau. Ce qu’on a oublié, en revanche, c’est qu’on est le vendredi de pâques et qu’on pourra assister à une procession de la semaine sainte. Et quelle procession! Au détour d’une rue, des torches, des chaines à des pieds nus, des tambours, mais surtout une tenue qui, pour ceux qui ont été influencés par la culture américaine comme c’est le cas pour nous, n’évoque pas vraiment la liesse et les célébrations : cagoule pointue rouge, toge blanche, petits trous pour les yeux, on pense Ku Klux Klan tout de suite. On les regarde passer, démarche lourde et chaloupée au son du tambour, et bien qu’on soit au courant de notre méprise, l’image reste inquiétante. Arrivés à notre terrasse, on les verra passer, adultes et enfants, cagoules rouges puis violettes puis noires puis vertes, et enfin blanches.
Nous ne croiserons pas de pénitents en cagoule pointues le lendemain, qui se déroulera plus calmement entre gateau glacé à la plage et randonnée sur les hauteurs de Santa Cruz.
Le 30 au soir, on part tout guillerets dans un chouette petit resto de Santa Cruz ; on sait que le lendemain, outre mes 25 ans, marquera notre dernier jour à la Palma après plus d’un mois à trimer sur le bateau. Ce qu’on a oublié, en revanche, c’est qu’on est le vendredi de pâques et qu’on pourra assister à une procession de la semaine sainte. Et quelle procession! Au détour d’une rue, des torches, des chaines à des pieds nus, des tambours, mais surtout une tenue qui, pour ceux qui ont été influencés par la culture américaine comme c’est le cas pour nous, n’évoque pas vraiment la liesse et les célébrations : cagoule pointue rouge, toge blanche, petits trous pour les yeux, on pense Ku Klux Klan tout de suite. On les regarde passer, démarche lourde et chaloupée au son du tambour, et bien qu’on soit au courant de notre méprise, l’image reste inquiétante. Arrivés à notre terrasse, on les verra passer, adultes et enfants, cagoules rouges puis violettes puis noires puis vertes, et enfin blanches.
Nous ne croiserons pas de pénitents en cagoule pointues le lendemain, qui se déroulera plus calmement entre gateau glacé à la plage et randonnée sur les hauteurs de Santa Cruz.
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